Un ministère remis en cause ?

Le mouvement protestataire de Mai 68 ne s’est pas limité aux revendications syndicales des accords de Grenelle négociées lors des accords de Grenelle. Des évolutions du système éducatif ont tenté de répondre aux souhaits de transformations de la société en particulier à la façon d'exercer l'autorité.

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Mais au ministère des Finances ?

Au ministère des Finances, les fonctionnaires et hauts-fonctionnaires n’ont peut-être pas adhéré au mouvement protestataire de Mai 68, mais ils n’y sont pas pour autant restés insensibles.

" [La direction du Budget] était accusée de tous les maux."

Ainsi Jean Bonnefont, à l’époque administrateur civil et sous-directeur des interventions économiques et des organismes autonomes à la direction du Budget, relate les remises en causes émises à l’intérieur même de cette direction.

Pour certains témoins, le mouvement de Mai 68 n’a pas eu de répercussions, tout du moins pas au ministère des Finances.

"A l'heure actuelle, Mai 68 est bien oublié"

Jacques Campet est administrateur civil et à l’époque chef du bureau des services extérieurs à la direction du Personnel et des Services généraux. Il revient sur l’absence de conséquences de Mai 68 au sein de son ministère.

Pour autant, plusieurs témoins reconnaissent un avant et un après Mai 68. Ces évolutions se manifestent sous différentes formes.

Tout d’abord, durant le mouvement de Mai 68 et immédiatement après, des commissions et des comités de réflexion sont chargés de proposer un changement interne qui satisfasse le plus grand nombre. Des travaux de ces comités, un certain nombre de réformes ont été mises en œuvre.

"Il y a eu un dialogue et non pas un tour de passe-passe"

Jean Sérignan, administrateur civil et à l’époque directeur de l’administration générale au ministère d’Etat chargé des Affaires culturelles, revient sur la création de ces comités et leur utilité.

"Ca a été une vrai révolution."

Pour Paul Gardent, ingénieur des Mines et alors directeur général du Charbonnages de France,, Mai 68 est bien une "révolution" dont les conséquences se font bien sentir aux Charbonnages de France où il est alors directeur général.

"A partir de 68, la parole a circulé davantage."

Robert Lescure, chef de bureau à la direction du Budget au ministère des Finances, revient sur la rationalisation des salaires entre ministères après Mai 68.

De toutes ces nouvelles instances, il ressort une volonté sociétale de réorganiser le dialogue entre ceux qui ont l’autorité et ceux qui exécutent les ordres. Mai 68 a conduit à des changements profonds qu’analysent quelques témoins.

"Ca a contribué à secouer un certain nombre de vieux tabous et de vieilles règles."

Michel Rougé, sous-directeur à la direction du Trésor au ministère des Finances, fait un bilan mitigé des conséquences positives de Mai 68.

"Il a été beaucoup plus difficile d'exercer l'autorité qu'avant."

André Neurisse, alors Trésorier-payeur général de l’Aube, voit dans une pratique très précise le changement sociétal souhaité par les protestataires de Mai 68.

"On est passé d'un moment où on commandait avec ses galons à un moment où on était obligé de commander avec sa compétence."

Pour Guy Sallerin, conseiller technique au cabinet du secrétaire d’Etat à l’Intérieur, André Bord, Mai 68 marque le changement entre un commandement traditionnel et une nouvelle forme de commandement par les compétences.

"[Mai 69], c'est peut-être la date la plus importante du 20e siècle."

Pour Laurent Guibert, administrateur civil et chef de bureau à la direction des assurances au ministère des Finances, Mai 68 est le signe d’un changement de société où, d’une société traditionnelle, la France évolue vers une société libérée.

Un ministère remis en cause ?